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Les trois grands défis stratégiques de YouTube en 2018 (et pourquoi ils sont cruciaux)

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Si la première plateforme mondiale de vidéos affiche une croissance sans faille, revoit à la hausse ses prix et agrège une audience de mieux en mieux répartie sur le globe, elle traverse une ère paradoxale et souffre, dans le même temps, d'une image régulièrement ternie de scandales.

Youtube Red

Dans ce contexte, Robert Kyncl, Chief business officer chez YouTube, a fait plusieurs annonces dans un entretien accordé aux Échos. Voici les points à retenir de cette interview... et les éléments pour les comprendre.

  • Le principal défi de YouTube pour 2018 : la sécurité

L'annonce : "Avec YouTube nous avons construit un village devenu à présent une véritable ville. Il est donc impératif de mettre en place des infrastructures adaptées : une police, des autorités locales, et même des écoles, si l'on poursuit sur cette métaphore..."

Le décryptage : Si Robert Kyncl insiste sur la sécurité, c'est que YouTube doit impérativement, au cours des prochains mois, montrer qu'il sait protéger ses utilisateurs et qu'il n'associe pas ses annonceurs à du contenu inapproprié. De ce point de vue, 2017 a été un annus horribilis pour la plateforme : elle a, entre autres, vu chuter de son piédestal le suédois PewDiePie, le YouTubeur le plus suivi au monde, suite à ses propos antisémites. Le 11 janvier, YouTube a annoncé la suspension (mais pas l'exclusion) de sa superstar Logan Paul. Au cours d'un voyage au Japon, le vidéaste de 22 ans avait filmé et diffusé les images d'un cadavre découvert dans la forêt d'Aokigahara - surnommée depuis les années 50 "la forêt des suicidés". Et le dernier coup d'éclat lié à la pédophilie sur YouTube, quant à lui, remonte à... quelques jours seulement.

 

https://youtu.be/5ZV2x2fpdpg

Logan Paul, suspendu pour sa vidéo dans la forêt japonaise, a construit une partie de son énorme succès sur sa rivalité surmédiatisée avec son frère Jake Paul (vidéo ci-dessus), qui espère être le premier milliardaire de YouTube.

La sécurité des enfants pose un problème particulier à YouTube, dont 5 des chaînes les plus suivies sont dédiées aux très jeunes. Fin novembre, plusieurs grandes marques - Lidl et Mars en tête - avaient menacé de retirer leurs publicités de la plateforme. Celles-ci étaient associées à des vidéos au contenu dangereux pour les enfants, qu'il soit ambigu ou ouvertement pédophile. Gênant, pour un espace sur Internet qui se veut avant tout une mine de partage de connaissances, d'humour et de découverte, et a construit son identité et son audience sur son aspect accueillant, universaliste et chaleureux.

  • Défi n°2 : Jouer la transparence

L'annonce : "Nous allons publier pour YouTube des rapports réguliers sur les contenus problématiques, comme nous le faisons sur l'activité « search » de Google"

La sécurité sur YouTube passe donc, entre autres, par la modération du contenu. Dans cette optique, Robert Kyncl annonce que l'équipe de modération de la plateforme va être musclée dans les prochains mois - pour atteindre 10 000 personnes en 2018.

Le hic : on ne sait pas, aujourd'hui, combien de personnes composent cette équipe. Et le système-même d'arbitrage du contenu reste opaque. Pour l'instant, lorsqu'un utilisateur signale une vidéo à la plateforme, il n'a pas accès à un suivi de sa demande ou à des explications lorsqu'une décision est prise.

Ce que l'on sait en revanche, c'est que le système de revue de YouTube, comme celui de Facebook, s’appuie sur un mélange d'évaluation par algorithme et de vérification à la main par des employés et une communauté de "bénévoles passionnés" (pour reprendre les mots de la plateforme). Ces derniers signalent "les vidéos susceptibles d'enfreindre le Règlement de la communauté YouTube" - mais n'ont, selon les informations disponibles à ce jour, aucun droit direct sur le retrait des contenus. Reste donc à savoir si les renforts humains annoncés sauront faire évoluer, en 2018, ce système de modération à deux têtes.

  • Défi n°3 : Démocratiser son segment payant

L'annonce : "Nous voulons lancer YouTube Red dans une dizaine de pays en 2018"

YouTube Red correspond, dans les grandes lignes, au service "premium" de YouTube. Il permet de visionner la quasi-intégralité des contenus sans publicité, autorise le mode hors ligne et donne accès à des programmes originaux - principalement des séries - dans lesquels YouTube investit des millions. Pour l'instant disponible dans quelques pays seulement (au prix de 10 dollars par mois), dont les États-Unis, le Mexique et la Corée du Sud, YouTube Red devrait arriver en France dans le courant de l'année et s'appuiera sur des accords de licences trouvés, entre autres, avec Universal Music Group. Les contenus musique et vidéo pourraient être segmentés pour concurrencer, chacun sur leur secteur, des acteurs comme Spotify et Netflix.

Pour créer ses contenus payants, YouTube capitalise sur les succès existants, et notamment sur ses stars. Sur ce point, la plateforme poursuit une stratégie déjà bien éprouvée : chouchouter les créateurs indépendants en leur mettant notamment à disposition des studios. Cela dit, elle s'expose aussi à un risque : celui d'entériner le portrait-type, parfois problématique, du YouTubeur à succès (soit, comme le résume le Monde, un personnage "provocateur, surexcité et branché"). Paul Logan, avant sa suspension, avait par exemple été choisi pour incarner le personnage principal de deux webséries YouTube Original.


Trois articles pour aller plus loin  :

Un point complet sur YouTube RED via CNet (EN)

Le récit de la dernière polémique qui a secoué la plateforme, et ce qu'elle dit de YouTube via Le Monde (FR)

Un excellent grand angle : "2017 a été la meilleure année de YouTube. Elle a aussi été la pire" via The Verge (EN)

Image à la Une © YouTube Red

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